LES SANCTUAIRES 

DE TRADITION CELTIQUE

 

Facilement identifiable en prospection aérienne grâce à son plan caractéristique composé de deux carrés concentriques, le fanum est un temple à plan centré composé d'une pièce principale réservée à la divinité, la cella, autour de laquelle se développe une galerie. Les fana se sont développés au moment où la Gaule se romanisait mais sont pourtant très éloignés des temples dits "classiques", hérités de l'architecture gréco-romaine. On les rencontre aussi bien dans un contexte urbain que dispersés dans la campagne, sur le domaine d'une villa. S' ils apparaissent isolés, à la manière de nos petites chapelles rurales, il n'est pas rare d'en voir plusieurs réunis dans l' enceinte d'un vaste sanctuaire, urbain ou rural. 

Trois temples de ce type ont été identifiés à la périphérie du centre urbain. Celui du quartier des Berthons a fait l'objet d'une fouille en 1987et 1988. Les deux autres temples, distants d' à peine 75 m.,  occupent chacun le centre d'une insula et constitue le secteur religieux des Groseillers.    

LE FANUM DES BERTHONS

 

Le petit temple carré des Berthons possède une cella de 5, 60 m. entourée par une galerie de 11 m. de côté, et de 2, 25 m. de large. A l'origine, les parois de cette dernière présentaient au moins deux types de décor : à  la base des murs opposés à la pièce centrale, ont été retrouvés en place des enduits peints décorés de points  rouges et bleus sur un fond beige, alors qu'au bas du mur nord de la cella, prenait naissance un enduit rouge surmonté d'une bande bleue.  

 

La couche argilo-sableuse du fond contenait deux monnaies, l'une de l'impératrice Faustine (161-175) et la seconde de Volusien (251-253). C'est ce qui restait du dépôt rituel qui avait du être déposé dans cette fosse après le milieu du IIIe siècle. D'après le fouilleur la récupération des dalles a pu s'accompagner du pillage de la cavité.

La signification de cette fosse pourrait correspondre à un fulgur conditum. Cette interprétation est appuyée par le fait que l'enfouissement de la foudre s'éffectuait dans une cavité non maçonnée comme cette fosse, mais également par la découverte lors de la fouille d'une statue cultuelle en calcaire. Mutilée dans la partie supérieure, elle représente un  personnage assis dans un fauteuil dont les côtés sont ornés d'une roue, symbole de la foudre. La divinité représentée pouvait-être Jupiter, qu'on associe à l'emblème de la roue ou son équivalent gaulois Taranis dont le nom est dérivé de Taran signifiant "tonnerre".

Au centre de la galerie orientale, un dallage en marbre polychrome se développait entre le seuil d'entrée du fanum et l'entrée de la cella. La récupération de la majeure patrie des dalles laissait apparaître le radier de mortier rose qui recouvrait une fosse longue de 1, 72 m. , large de 0, 25 m.  et profonde de 0, 50 m. Les parois nord et sud, correspondant aux longs côtés, étaient constituées de trois assises de pierres en petit appareil reposant sur une fondation en moellons, tandis qu'une pierre allongée fermait les deux extrémités. 

Le temple perdra sa vocation cultuelle vers la fin du IIIe . C'est vraisemblablement au cours de cette fin de siècle que sera percée une entrée d'environ 1,70 m. au milieu du côté ouest afin de le faire communiquer avec un bâtiment construit en matériaux légers à 350 m à l'ouest de l'ancien fanum. La destruction définitive du bâtiment surviendra dans la première moitié du IVe siècle. 

LE SANCTUAIRE DES GROSEILLERS

 

Nous sommes beaucoup moins bien documentés en ce qui concerne ces deux  fana. Celui du nord (en haut de la photo) découvert au cours d'une  prospection aérienne en 1974 montre la superposition des structures du fanum avec l'un des enclos circulaires correspondant probablement à une nécropole d'époque protohistorique. Un sondage réalisé en automne 1982 permit de constater la récupération presque systématique des matériaux de construction. Les deux structures carrées concentriques l'une de de 7 à 9 m. de côté et la seconde correspondant vraisemblablement à la cella, de 3 à 5 m. furent identifiées. Le mobilier recueilli, contient beaucoup d'éléments se rapportant au Haut-Empire, mais l'histoire du monument reste encore très difficile à établir.